Nos émotions, colères, joies ou peurs sont des données en or pour les réseaux sociaux.

Les géants MICROSOFT, SAMSUNG, IBM, FACEBOOK ont investi massivement dans la reconnaissance faciale.

Ainsi, la start-up Datalab est à la pointe de ce nouveau marketing qui fait froid dans le dos pour collecter les « feel datas » (données émotionnelles) sur des panels de cobayes. Elle utilise, pour ce faire, des caméras programmées au « facial coding » (analyse des micro-expressions du visage) ou à « l’eye tracking » (étude de comportement oculaire) et des bracelets connectés qui décortiquent le taux de sudation et la fréquence cardiaque avant de les convertir en joie, surprise, peur, tristesse, colère, dégoût et mépris (les 7 émotions universelles).

Le fait d’analyser ce que ressent le consommateur, seconde après seconde, permet de mesurer son engagement émotionnel devant une pub, une conférence ou un parcours dans un magasin.

On est dans l’avènement du « lovebrand » : la relation affective aux marques car les clients veulent du ré-enchantement.

En Chine, prouver votre intérêt pour la marque devant la caméra programmée au facial coding conduit à obtenir sur remise sur le prix de l’objet convoité.

A Barcelone, une expérience a également été menée dans un théâtre : le public était filmé et chacun payait à la sortie selon ses affects.

Le risque est d’aboutir à l’injonction de devoir produire et exprimer, en permanence, des émotions jusqu’au burn-out.

Savoir ce qui touche quelqu’un est une forme de pouvoir. Cela permet de l’influencer sur son choix d’un homme politique, d’une marque, d’un spectacle.

Mais cela repose sur le postulat faux prétendant que chacun ressent les mêmes émotions. Or, le ressenti est très personnel et ces technologies qui s’attaquent à notre intimité sont loin d’être aussi fiables qu’elles le prétendent ou voudraient nous le faire croire. Elles sévissent déjà sur les réseaux sociaux qui font de la contagion émotionnelle. Facebook et les autres partent de l’idée que, pour créer de l’engagement, il suffit d’amplifier les émotions. L’émotion est le carburant qui déclenche la viralité d’une publication.

Il est donc essentiel d’acquérir rapidement une gestion fine de ses émotions pour éviter d’être manipulés. Notre activité psychique est entrée au service de la grande industrie de la consommation.

En prendre conscience n’est pas fait pour inquiéter mais pour réagir et refuser cette forme souterraine de manipulation sur les réseaux sociaux et autres médias télévisuels.

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