C’est une des réactions dues aux confinements, le fait de ne plus supporter tout ce bruit des villes, cette perpétuelle agression sonore, ces klaxons, le bruit des moteurs, le tintamarre des agglomérations.

Cette soudaine prise de conscience pendant les confinements, où un certain silence est apparu, en a amené un certain nombre à retourner télétravailler à la campagne, après ceux-ci, ne supportant plus de nouveau cette atteinte constante à la concentration et la vivant comme une agression.

Redécouvrir le gazouillis des oiseaux, le froissement du vent dans les arbres en a ébloui certains.

C’est comme si, après la prise de conscience de la pollution de l’air, un nouveau tournant avait fait réaliser qu’il existe aussi une pollution sonore permanente.

Cette pollution-là, on le sait, contribue à augmenter la fatigue, le stress, à empêcher la concentration allant même chez certains jusqu’à engendrer des maladies cardio-vasculaires. Le bourdonnement continu des villes est devenu, pour nombre de citadins, totalement insupportable après cette brutale prise de conscience.

Le retour au bruit a signifié aussi pour quelques-uns la reprise de la vie d’avant, avec sa course folle et bruyante, cette obligation de productivité et de performance devenues intolérables.

Redécouvrir le silence, ce fut aussi accéder à une forme d’apaisement, de quiétude, favorable à la rêverie et à la créativité. Ce furent également le rejet et la lassitude face à cet afflux d’informations de plus en plus anxiogènes, le bruit du monde transmis par les réseaux sociaux avec leur agressivité vaine,  leurs fake news, leurs tweets rageurs.

La frontière est mince entre le rejet du bruit et celui de notre connexion permanente qui génère un climat peu sécurisant.

Mais le silence n’est pas l’absence totale de sons et peut signifier de faire en sorte de baigner au milieu de sons qui semblent apaisants, agréables, mélodiques comme ceux qu’on rencontre dans la Nature ou bien ceux qui sont synonymes de joie et de convivialité comme les éclats de rire aux terrasses des cafés ou de la musique sortant d’une fenêtre au fil de nos balades.

Tous les sons ne sont pas à proscrire, à loin près mais en subir certains est devenu, soudain, inconcevable.

Cette prise de conscience sera-t-elle durable? Voilà bien la question…

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