Le monde de l’Entreprise retrouvé n’est plus tout à fait le même que celui d’avant le 17 mars 2020.

Faire la bise, se serrer la main, partager un « open space » ne vont plus de soi.

Et la nouvelle donne amène à s’interroger sur son rapport au travail. Transformer une épreuve en défi devient un enjeu intéressant et une occasion de réfléchir à ce que l’on veut désormais.

Pendant des années, les Entreprises nous ont expliqué que mettre en place le télétravail serait trop compliqué. On sentait bien que ce n’était sans doute pas vrai mais on ne savait pas comment le prouver. Or, c’est fait désormais et les entreprises, y compris les plus importantes, ont réussi à le pratiquer sans perte d’efficacité, en un temps record.

On partait du postulat erroné que, pour « créer du collectif », il fallait avoir un même but et se retrouver dans des stages de « team building ». Or, cette crise a démontré que le collectif, c’est faire face ensemble au danger.

Avec la crise économique à suivre, le collectif va prendre une place capitale et nous aider à retrouver le sens de l’essentiel.

Aujourd’hui on aspire à ce que le travail ait du sens, qu’il soit utile à la société dans son ensemble.

En revanche, le travail est devenu bien trop affectif en demandant aux dirigeants de société de prendre en compte le bien-être de leurs employés, à coups de formations et de séminaires plus ou moins ineptes avec une forme d’angélisme infantilisant.

Cette fausse bienveillance donne le sentiment aux salariés que c’est de leur faute s’ils ne sont pas heureux et cela génère beaucoup de dégâts psychologiques.

La pause forcée due à cette crise sanitaire nous a permis de prendre conscience que notre métier ne nous constitue pas et que c’est un rôle social, une forme de jeu de rôles. Nous ne pouvons plus regarder notre travail comme l’unique façon de nous accomplir. C’est un moyen et pas une fin.

On en vient à penser que la course effrénée au respect des « deadlines » n’a guère de sens. Trop d’entreprises perdent leurs meilleurs éléments en les étouffant sous trop de procédures qui les empêchent d’innover. Avoir du temps permet à l’imagination de s’exercer bien mieux.

Désormais on saura, peut-être, mieux goûter le plaisir d’être ensemble et de se réunir pour de bonnes raisons et non pour de la réunionite ou un présentiel inutile.

On se prend à espérer un changement dans les pratiques et les mentalités sans pouvoir affirmer, pour autant, qu’il sera durable. Une certaine lucidité n’est pas faire preuve de pessimisme mais juste d’ éviter un angélisme trop flagrant.