La confusion des genres touche surtout les Millenials et, de ce fait, influence toute la société.
Une appli comme Bumble, à l’origine appli de rencontres, a vite été détournée en appli pour trouver des contacts professionnels. De ce fait, les fondateurs ont créé Bumble Bizz, lorsqu’ils l’ont constaté de manière récurrente. Cette option-là est dédiée au réseautage et au mentorat mais ni à la recherche d’emplois, ni au recrutement. Bumble Bizz compte aujourd’hui 36 millions d’inscrites puisque c’est du networking féminin avec 64 000 utilisatrices par jour et 17 millions de « matches » chaque semaine.
Cette appli séduit surtout les 25-32 ans qui trouvent LinkedIn trop conventionnel et préfèrent swiper sur leur smartphone pour étoffer leur carnet d’adresses comme elles le faisaient déjà pour rencontrer de nouveaux partenaires amoureux.
Des anciens cadres de Tinder, conscients de cela, viennent de lancer une appli de réseautage, à leur tour qui promet des « coups de foudre professionnels durables ». Alors, le travail nouveau Prince Charmant du XXIe siècle?
Les Entreprises en viendront-elles à nous parler d’Amour? Si l’on s’en réfère au vocabulaire de l’Entreprise, on constate qu’il a changé, passant des mots « mobilisation », « mise sous tension » à « bien-être », « bienveillance », « engagement » et on recrute des « chief happiness officers », des chefs du Bonheur dont le rôle est de dorloter les salariés, leur proposer des massages décontractants, des corbeilles de fruits, des canapés partout afin qu’ils se sentent comme chez eux.
Partant de l’idée que « un salarié heureux est plus productif », il s’agit bien, sous ces dehors sympathiques, de doper la productivité. Il ne faut pas s’y tromper…
De là à envisager le chagrin d’amour professionnel, il n’y a qu’un pas à franchir comme le narre cette graphiste freelance qui s’est mise à travailler pour un gros client qui lui en demandait toujours plus, même le week-end. Comme elle avait des amis au chômage et que c’était bien payé, elle n’a pas compté ses heures. Mais, du jour au lendemain, ce client ne répondait plus. Elle s’est inquiétée de ne plus pouvoir payer ses échéances et a paniqué. Elle vivait ce silence soudain comme si elle venait de se faire larguer par un amoureux. Le client était simplement en vacances et la jeune femme a réalisé qu’elle avait un rapport névrosé avec son métier au point que son véritable amoureux commençait à la trouver fort peu présente pour lui.
Le risque en devenant « bourreau de travail » qui ne peut s’empêche de répondre à tous ses appels professionnels, à n’importe quelle heure est bien latent dans ce genre de comportements addictifs bien que légitimes puisqu’on parle de la manière de gagner sa vie et en faire pâtir sa vie privée tout autant.
Il est donc indispensable de s’astreindre à une mise à distance de la sphère professionnelle pour préserver sa sphère privée, familiale, amicale et amoureuse.
Ne serait-ce pas, au fond, une solution « facile » pour meubler la vacuité de l’existence plutôt que de le faire par le plaisir? Ainsi aller lire un livre dans un parc plutôt que de lire ses mails pourrait être vécu comme un vrai plaisir sans culpabiliser si l’on s’octroie une ou deux heures à cette fin.
Il n’est pas question que le travail devienne un nouvel amoureux passionné et passionnant mais terriblement égoïste car l’Entreprise ne s’intéresse qu’aux émotions positives et si seulement 52% des français se déclarent heureux au travail, cela signifie que tous les autres souffrent en silence.
Prendre garde de ne pas se laisser séduire au point d’être dévorés par son travail semble simplement veiller au bon équilibre dans sa vie.
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